L’anxiété sociale est un trouble qui touche plus de personnes qu’on ne le pense. Loin des clichés d’agoraphobie, elle se manifeste souvent de manière subtile. Puis-je être concerné ? Comment mieux vivre avec ? On fait le point dans cet article.
On utilise souvent le mot « anxiété » comme une description générique. Pour autant, on peut séparer celle-ci en plusieurs types de troubles. Il est vrai qu’on peut souffrir « d’anxiété généralisée », qui n’est pas spécifique à un trouble ou des situations spécifiques. Mais il existe aussi des formes plus ciblées : c’est le cas de l’anxiété sociale.
Pour définir ce que c’est, on peut se tourner vers la Classification internationale des maladies, CIM-11, qui est publiée par l’OMS. Pour la CIM-11, le trouble d’anxiété sociale « se caractérise par une peur ou une anxiété marquée et excessive qui survient régulièrement dans une ou plusieurs situations sociales telles que les interactions sociales (par exemple avoir une conversation), faire quelque chose en se sentant observé (par exemple manger ou boire en présence d’autrui) ou se produire devant les autres (par exemple faire un discours). »
Si vous êtes concernés par l’anxiété sociale, vous craindrez souvent de « perdre le contrôle » de diverses manières. Vous pourrez avoir peur d’être maladroit, que votre anxiété soit visible… Voire vous pouvez craindre de perdre le contrôle de votre corps en vous évanouissant, en vomissant, etc. L’anxiété sociale est souvent le serpent qui se mord la queue : on a tellement peur de sa réaction éventuelle à une situation, qu’on peut la créer. Si cela vous semble familier, il est probable que vous souffriez d’une anxiété conséquente qui va au-delà de la timidité.
Les personnes concernées auront généralement mis en place toute une gamme de processus d’évitement, ce qui fait qu’elles ne seront pas toujours conscientes de souffrir d’anxiété sociale. C’est un critère qui est cependant bien souligné par la CIM-11 :
« Les situations sociales concernées sont systématiquement évitées ou alors endurées avec une peur ou une anxiété intense. Les symptômes persistent pendant au moins plusieurs mois et sont suffisamment sévères pour entraîner une détresse importante ou une déficience significative dans les domaines personnel, familial, social, scolaire, professionnel ou d’autres domaines. »
Petite précision : il faut bien distinguer l’anxiété sociale de l’agoraphobie. Les deux sont souvent confondues, mais dans le cas de l’agoraphobie, la peur est liée à la sensation de ne pas pouvoir fuir. La psychiatrie la caractérise en effet comme « une peur ou une anxiété marquée et excessive qui survient en réaction à de multiples situations où une fuite pourrait être difficile ou une aide pourrait ne pas être disponible, comme prendre les transports publics, être au milieu de la foule, être hors de chez soi seul (par exemple dans des magasins, théâtres, files d’attente). »
Chez certains, les deux troubles peuvent bien sûr se combiner.
On l’a vu, l’anxiété sociale a beau ne pas toujours être visible à l’œil nu par l’entourage, elle peut cependant constituer un trouble particulièrement handicapant pour les personnes concernées, qui n’arrivent pas à se défaire de leurs pensées angoissantes. Les ruminations peuvent alors prendre toute la place dans leur monologue intérieur, et les laisser parfois comme paralysées.
Voici quelques comportements typiques des personnes présentant une anxiété sociale :
Ce qu’il faut donc retenir, c’est que les personnes concernées anticipent tout, obsèdent sur des éléments sociaux et craignent de faire un faux pas ou de se rendre ridicule. Cela s’accompagne d’une angoisse intense, avec très souvent des symptômes physiques.
On l’a vu, l’anxiété sociale a donc des conséquences sur la santé physique et mentale des personnes concernées… Mais pas uniquement. Il y a des conséquences pour leur vie sociale, professionnelle ou amicale. Les personnes présentant une anxiété sociale sont souvent isolées, car elles se coupent de situations sociales dans lesquelles on peut faire des rencontres ou entretenir des amitiés existantes.
Au travail, elles peuvent aussi paraître distantes pour leurs collègues… Voire moins motivées selon leurs supérieurs. Une personne qui aura utilisé des stratégies poussées pour éviter de faire une présentation ou mener une réunion pourrait ne pas être considérée pour une promotion, malgré ses compétences.
Il faut aussi noter que l’anxiété sociale peut engendrer d’autres troubles. L’isolement peut mener à la dépression. Et les moyens de compenser la souffrance ressentie peuvent être néfastes : boulimie, consommation excessive d’alcool, addiction aux écrans, etc.
On l’a vu, l’anxiété sociale n’est donc pas simplement un simple stress, ou une simple timidité. Une fois décelée, elle doit être traitée afin d’apporter un soulagement aux personnes concernées. Et cela passe souvent par plusieurs angles d’attaque :
Il est désormais courant d’avoir recours à un suivi psychologique pour traiter l’anxiété sociale. Les psychologues auront souvent une approche basée sur les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), qui ont montré des résultats avérés pour les personnes concernées.
Les TCC permettent de remettre en cause les pensées « automatiques » négatives, afin de mettre de la distance et éventuellement de les faire disparaître. Il peut également être bénéfique de suivre une thérapie basée sur l’affirmation de soi, l’anxiété sociale étant très souvent accompagnée d’une mauvaise estime de soi.
Certains thérapeutes mènent également des phases d’exposition graduées, pour que la personne s’expose en douceur à des situations qui la paniquent.
Certaines personnes fortement touchées par l’anxiété sociale pourront trouver un soulagement grâce à la prise de médicaments. Sur le court terme, des anxiolytiques peuvent être prescrits, mais seulement de manière ponctuelle. Des traitements plus longs, reposant sur des antidépresseurs, peuvent également être prescrits. C’est bien sûr à votre médecin traitant ou psychiatre de décider si la prise de médicaments pourrait être bénéfique.
Si faire du sport ou manger sain ne guérira pas votre anxiété sociale, des pratiques de ce type peuvent cependant aider fortement à la réduire. Les thérapeutes conseillent donc en général d’éviter de se réfugier dans des comportements malsains pour la santé (cigarettes, alcool, malbouffe…) et de bouger régulièrement. Il sera aussi crucial de bien réguler le sommeil, car les insomnies favorisent fortement l’anxiété.
L’anxiété sociale, ce n’est pas juste être timide, ou avoir peur des interactions. C’est un trouble qui peut devenir complètement envahissant, et qui est très isolant pour les personnes concernées. Si l’on en souffre, il ne faut donc pas hésiter à consulter des professionnels pour soulager ses maux et mieux vivre au quotidien.
10 commentaires sur Anxiété sociale : comment la reconnaître et mieux vivre avec ?